La délégation varoise de l’association 60 000 Rebonds, qui accompagne les chefs d’entreprise en post-faillite, est à la recherche de bénévoles, plus particulièrement d’experts-comptables, et compte ouvrir une nouvelle antenne à Draguignan.

Karen Sarrazin , le 

Dans le Var, 60 000 Rebonds se structure pour aider les entrepreneurs en post-faillite

D.R. – Outre l’accompagnement personnalisé, 60 000 Rebonds propose également des réunions mensuelles collectives.

« Si je devais donner un conseil aux entrepreneurs ayant connu un échec, c’est de ne pas rester seuls », affirme Vanessa. A 43 ans, elle a décidé de stopper l’activité de l’entreprise qu’elle avait montée six ans plus tôt. « J’ai eu un parcours classique avec des hauts, des bas, essuyé le Covid… Mais là je ne pouvais plus me verser de revenus réguliers. » Quand elle entame les démarches auprès du tribunal de commerce, on lui remet une pochette remplie de prospectus, dont un sur une cellule psychologique. « Je me suis dit : “N’importe quoi, je n’en ai pas besoin.” Mais non, tout n’allait pas bien. »

Depuis le mois de mars dernier, elle a donc décidé d’intégrer l’antenne varoise de 60 000 Rebonds, association nationale dont l’objectif est d’accompagner les entrepreneurs en post-faillite. « Cette association est très importante pour celles et ceux qui auraient du mal à accepter l’échec. On se sent moins seuls, c’est une bulle de confiance où on peut tout dire et c’est toujours intéressant d’échanger avec des personnes qui vivent la même situation que nous car nous n’avons pas tous le même ressenti. »

Recherche de bénévoles

Depuis un an et demi Antoine Bidet est le référent 60 000 Rebonds Toulon. « Notre souci principal est de nous faire connaître des entrepreneurs. Il y a, tous les 15 jours, une session du tribunal de commerce et encore des personnes qui ne savent pas que l’on existe. Nous essayons donc de faire plus de bruit», explique celui qui s’attelle depuis à redynamiser l’association fondée cinq ans auparavant. « On se structure pour donner plus de matière », ajoute-t-il. Cela passe par le recrutement de nouveaux bénévoles pour compléter la quinzaine déjà active : « Nous sommes surtout à la recherche d’experts-comptables », appelle-t-il de ses vœux. Mais aussi d’anciens chefs d’entreprise.

Car lorsqu’un entrepreneur intègre le réseau, il bénéficie d’un triple accompagnement. A commencer par un coach certifié qui le suit durant une dizaine de séances. « Ce sont de vrais pros, on n’est pas en train de bricoler !, raconte Vanessa. Ma coach en développement personnel m’a ouvert l’esprit sur des blocages que j’avais. Je ne pourrais que le conseiller à n’importe quel chef d’entreprise, même en activité. »

Un parrain ou une marraine lui est également attribué pour une durée maximale de deux ans. « Ils les soutiennent dans la reconstruction de leur projet, la plupart du temps vers du salariaten les aidant avec leur CV, en leur faisant passer des entretiens d’embauche fictifs… », précise Antoine Bidet tout en témoignant de sa propre expérience de parrain : « J’aime faire du sport avec eux car des liens différents se créent. » Or un parrain ou une marraine ne peut pas suivre plus de deux personnes. « C’est pour cela qu’il nous faut plus de monde. »

Enfin, un panel d’experts bénévoles (avocats, ancien directeur de mutuelle, conseiller pôle emploi dans le cas de Toulon) vient compléter le triptyque. Ces professionnels apportent un regard plus technique sur le dossier, et peuvent selon leur spécialité être par exemple être amenés à traiter de la question du surendettement.

 

Ouverture d’une antenne 60 000 Rebonds à Draguignan

Si 60 000 Rebonds est déjà présent à Toulon et Fréjus via une antenne relais, Antoine Bidet aimerait ouvrir une nouvelle antenne à Draguignan « où le tribunal de commerce est très actif ». Pour la faire vivre, il lui faut trouver entre quatre et cinq bénévoles.

La recherche de mécènes afin de financer l’activité de l’association figure également au cœur de ses préoccupations, sachant que cela peut aussi être de la mise à disposition de salles pour les rendez-vous mensuels, qui ont aujourd’hui lieu chez TVT Innovation. Car outre l’accompagnement personnalisé, les entrepreneurs se retrouvent également chaque mois pour échanger sur leurs problématiques. « Nous organisons d’abord une intervision, au cours de laquelle on fait un point sur le mois précédent, sur les problèmes rencontrés, la façon dont avancent les dossiers. Puis on crée des sous-groupes où ils vont être avec des parrains et coachs différents des leurs. »

A la rentrée 2024, ces intervisions pourraient avoir lieu en visio afin « de donner plus temps en mensuel aux entrepreneurs et ainsi passer plus de temps sur les “vrais” sujets ».

Dépasser le sentiment de honte

« J’ai plaisir à me rendre à ces réunions car c’est toujours intéressant de voir les évolutions de chacun. On aborde différemment l’échec et cet échec peut être une source d’inspiration pour les autres », rapporte Vanessa. Malgré le travail déjà accompli, « on ne pas encore dire que j’ai rebondi car financièrement, ce n’est pas encore ça. La honte n’est pas encore partie. Mais c’est pour ça que cette cellule est importante : il n’y a que là que l’on peut en parler. »

Et c’est bien là le cœur du problème : ce sentiment d’échec est bien souvent difficile à accepter puis à surmonter pour le chef d’entreprise. Il pousse trop tard la porte du tribunal de commerce et reste ensuite trop souvent seul devant ses problèmes professionnels qui peuvent alors déteindre sur sa vie privée. Antoine Bidet relate : « Un entrepreneur qui avait déposé fin décembre est venu nous voir fin juin en nous disant : “C’est quand j’ai fini de vendre mes meubles que je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose.” »

Karen Sarrazin

Source : Mesinfos.fr